Chirac sèche le show de Jean-Michel Jarre

Chirac sèche le show de Jean-Michel Jarre

Il aurait été sensible aux efforts d’Isabelle Adjani pour perturber le concert de son ex à la Cité interdite.

OLLIVIER Stéphanie

Pékin correspondance

C’est l’ultime rebuffade, venue qui plus est de Paris, pour le grand show multimédia de Jean-Michel Jarre, qui doit faire vibrer l’esplanade de la Cité interdite à Pékin dimanche : Jacques Chirac, qui devait assister au début du spectacle, s’est finalement décommandé, officiellement par souci de ne pas alourdir le dispositif sécuritaire. Certains affirment que le Président a surtout été sensible aux efforts déployés par Isabelle Adjani pour saborder le grand show chinois de son ex-partenaire, Jean-Michel Jarre. L’actrice, qui n’a pas encore digéré sa retentissante rupture avec le musicien, s’est en effet démenée tout l’été : après s’être fendue d’une lettre à Chirac, elle est personnellement intervenue auprès de diplomates en poste à Pékin, des patrons de plusieurs gros sponsors, notamment Henri Proglio (Veolia) et Bernard Arnault (LVMH), et de tous ceux qui pouvaient avoir de l’influence sur l’organisation de cet événement… Bombardé «événement phare» de l’Année de la France en Chine, le mégaconcert Jarre avait multiplié les défis : qu’il s’agisse du choix du site d’un monument historique fragile, du nombre d’intervenants sur la scène (plus de 200 musiciens et figurants chinois), ou des innovations techniques (le son Dolby Digital 5.1, celui des salles de cinéma, sera utilisé pour la première fois dans un concert).

Si cet ambitieux projet franco-chinois a bénéficié d’un soutien politique au plus haut niveau, Jarre et son équipe se sont retrouvés en prise avec les redoutables bureaucrates chinois. «C’est la première fois que nous avons été confrontés à un tel mécanisme, où personne ne veut prendre de décision», avoue le producteur du spectacle, Alain Bilowus. Pris en tenaille entre plusieurs services de la municipalité, divers ministères ou les très tatillons conservateurs de la Cité interdite, les 140 techniciens venus de France avec 60 tonnes de matériel se sont heurtés chaque jour à une grande muraille de problèmes pratiques, passant des nuits entières à négocier le coup de tampon qui permettait d’accrocher un nouvel écran ou de déplacer un ampli.

Jarre a peiné à garder le contrôle conceptuel de son projet. Il n’a pas pu imposer le concert populaire gratuit qu’il avait imaginé : seuls 16 000 VIP triés sur le volet pourront y assister, les autres devant se contenter de la retransmission sur trois écrans géants ou à la télévision. Il n’a pas réussi non plus à obtenir que son ami Cui Jian, star du rock chinois mais bête noire du régime depuis sa participation aux manifestations étudiantes de 1989 sur la place Tiananmen, réprimées dans le sang, se produise sur scène avec lui. Seule concession arrachée : celle d’exécuter les quatre derniers morceaux de son concert sur cette place hautement sensible, afin d’«aller symboliquement vers les jeunes Chinois».

A trois soirs du concert, Jean-Michel Jarre avait choisi d’ignorer polémiques et passions pendant les répétitions avec les orchestres chinois et les réglages vidéo réalisés sur les étonnants modules-écrans gonflables oblongs ou coniques qui hérisseront dimanche l’esplanade de la Cité interdite : «L’idée est de faire jouer le contraste entre ce site, symbole de la Chine classique, et la modernité, d’y poser comme un vaisseau surréaliste.» Contraste qui se retrouvera dans la partition musicale, confie avec enthousiasme la chanteuse Cheng Lin, l’une des solistes chinoises du concert : «Le classique, la musique chinoise traditionnelle et l’électronique se rencontreront. Ce sera très original.»

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