- Une enfance entre Lyon et Vanves.
Jean-Michel Jarre est né le 24 août 1948 à Lyon. Il passe son enfance à Vanves dans la banlieue parisienne. France Pejot-Jarre élève seule son petit “jamie” et il ne profite donc pas de la renommée de son père le compositeur Maurice Jarre, comme on l’a dit trop souvent. En effet ses parents divorcent alors qu’il n’a pas encore 4 ans.
Jean-Michel poursuit des études brillantes au lycée Michelet de Vanves. Après avoir obtenu son bac en 1966, il entreprend des études supérieures et réussit une licence de lettres à La Sorbonne avec notamment un essai sur le Faust de Gounod (ou de Berlioz selon les souvenirs fluctuants de JMJ) comparé à celui de Goeth.
Jean-Michel fait sa première rencontre avec la musique à l’âge de huit ans. Cette rencontre se déroule dans la contrainte puisque comme beaucoup d’enfants de son âge, on asseoit le petit Jamie derrière un piano sans lui demander son avis. Dégoûté, il abandonne cet instrument jusqu’au jour de ses dix ans. Le 24 août 1958, sa mère l’emmène à Paris dans une boîte de Jazz : “Le chat qui pêche”, tenue par une de ses amies : Mimi Ricard (rencontrée dans la Resistance Lyonnaise). Les jazzmen Archie Shepp, Don Sherry et Chet Baker, initient le petit Jean-Michel à la musique au point de l’en rendre amoureux. France se charge d’organiser la nouvelle passion de son fils. Il prend donc des cours d’harmonie et de contrepoint au Conservatoire de Paris, avec Jeanine Rueff.
- L’adolescence et les premiers groupes.
Puis comme beaucoup d’adolescents, à 15 ans il monte des groupes. Le premier s’appelle les “Mystères IV” avec lesquels il gagne le tremplin de la foire de Paris. Jamie monte une deuxième formation qu’il intitule les “Dustbins”. Avec ce groupe, Jarre interprète les succès des Shadows et des Spotnicks. C’est d’ailleurs avec les Dustbins que Jean-Michel Jarre enregistre son premier 45 tours en 1968. Ce disque est sans doute la pièce la plus rare pour tous les colectionneurs car elle n’existe qu’à quelques exemplaires. Il s’agissait d’un disque auto-produit et distribué pour les copains de Jamie.
Entre-temps Jarre a fait une courte apparition dans le film d’Etienne Perrier : “Des garçons et des filles” sorti en 1967. Avec le groupe “Dustbins” il interprète 2 chansons : “Let me take your hands” et “I feel so down” un troisième titre étant chanté par un autre membre du groupe.
- Premières recherches musicales : La Cage et Aor.
En janvier 1969, Jean-Michel entre au Groupe de Recherche Musicale où il rencontre son maître : Pierre Schaeffer qui emploie les premiers synthétiseurs : le VCS 3 et le Moog. JMJ profite du GRM pour faire la connaissance des grands compositeurs de musique electro-acoustique : Parmegiani et Stockausen. A la fin de son stage au GRM, il écrit une musique de cinq minutes pour la MJC Saint-Exupéry de Reims qu’il intitule “Hapinness is a sad song”.
En 1969 également, Jean-Michel compose “La Cage”, un titre qui ne sortira en 45 tours qu’en 1971 chez Pathé-Marconi. Sur ce disque figure un deuxième titre : “Erosmachine”, il s’agit d’une belle mélodie dont une partie sera reprise dans “Chronologie 2”. “La Cage”, cet opus antediluvien est une musique étrange mêlée de sons divers : scie musicale, guitare électrique enregistrée à l’envers, batterie, crécelle, cuiller à bois, synthés et cris féminins. Le deuxième 45 tours de Jamie, vendu à 117 ou 17 exemplaires (selon les interviews) a vu son stock détruit par Pathé Marconi devant son insuccès commercial. Jarre lui-même ayant perdu son exemplaire lors d’un déménagement n’en avait plus trace jusqu’à ce que l’auteur de ces lignes lui en fasse cadeau. Ce fut lors d’une journée mémorable dans la propriété de JMJ à Croissy.
Fort heureusement, les bandes de “La Cage” ont été conservées. Ainsi, une réédition de cette musique a été intégrée en 1978 sur une compilation intitulée “Made in France”.
En 1969, Jarre présente une thèse sur les musiques extra-européennes.
Revenons à 1971, période pendant laquelle Jarre est appelé par le chorégraphe Norbert Schmucki. Il lui commande une musique pour son ballet “Aor”, la lumière en hébreu. Le thème d’Aor est la danse des sept voiles exécutée par Salomée pour subjuguer Hérode. Chaque musique représente une couleur de l’arc-en-ciel. Cette oeuvre n’est pas mélodique car elle est constituée de sons de VCS 3 et de souffles plus rythmiques qu’harmonieux. On pourrait la comparer au bruit d’un moteur de mobylette. Une séquence d’Aor a été utilisée dans Révolution Industrielle 1, il s’agit du son de règle métallique que l’on peut entendre au bout d’1 mn 50. Aor vient d’être mis en ligne surr le site officiel de JMJ http://www.jarre.net on peut remarquer que cette musique de ballet allait fournir des séquences et des sons pour des musiques ultérieures comme le cri liminaire de Ethnicolor ou les bourdonnements d’abeilles de Bee factory ou encore les cris orgasmiques féminins de Erosmachine.
Avec ce ballet, Jarre devient le plus jeune compositeur à voir une de ses oeuvres jouées à l’opéra. C’est l’occasion pour Jean-Michel de voir sa carrière commencer là où bon nombre de musiciens la terminent. Ce premier essai est rapidement suivi de 2 autres : “Le Labyrinthe” et “Dorian Gray” qui sera retransmis partiellement à la télevision. Les chercheurs peuvent consulter l’enregistrement de « Dorian » à l’Inathèque de France ainsi qu’une collection intéressante de deux cents émissions dans lesquelles Jean-Michel a été invité (voir la liste au chapitre Archives).
C’est ensuite une longue période de travail où Jean-Michel Jarre écrit des musiques de publicité pour Nestlé, Pepsi-Cola et l’Autoroute A4. Cette dernière réalisation deviendra plus tard Oxygène IV. Il compose également des musiques d’aéroport pour la société étasunienne Underground Muzaks, des génériques pour RTL, la musique de l’émission de télé “sport en fête” présentée par Michel Drucker et aussi la bande originale du film “Les granges brûlées” avec Alain Delon et Simone Signoret.
Par ailleurs, Jarre participe ardemment à la musique de son époque car il travaille avec le groupe Triangle sur deux chansons intitulées “récréation” et “Le matin du premier jour” en 1972. Puis, il rencontre Philippe Besombes
qui travaillait à la musique du film Libra.Les deux musiciens donnent une série de concerts en 1972, créant un ensemble à base de bandes magnétiques. Leur musique crée des climats irréels.
En 1973, il compose la musique de Lady, une chanson interprétée par le groupe Bill & Buster et écrit la chanson Jolly Dolly pour le groupe Blue Vamp. Son travail est remarqué par le magicien Dominique Webb avec lequel il travaille pour un spectacle à l’Olympia, un disque en résulte, il est intitulé : Hypnose.
- Jarre parolier.
Parallèlement Jarre devient un auteur à succès à partir de 1973 en écrivant les paroles de Christophe pour les albums les Paradis Perdus et Les mots bleus et pour Patrick Juvet avec les albums Love et Mort ou vif.
En 1975, il peaufine deux textes et une musique pour le 45 tours de Françoise Hardy “Que vas-tu faire ?/Le compte à rebours. Il écrit quatre chansons pour Gérard Lenorman : La Belle et la Bête (qui deviendra 2è Rendez-Vous), La fille que j’aime, Parade et La mort du cygne (qui deviendra 3è Rendez-Vous).
Toujours en 1975, Jarre compose la musique d’une émission réalisée par Rémy Grumbach intitulée Sétyricon en hommage au comique Gérard Séty.
Jean-Michel Jarre a tous les talents : auteur,compositeur mais aussi metteur en scène pour le spectacle de Christophe à l’Olympia en 1975 dans lequel on peut voir un piano voler.
- Premiers albums : Deserted Palace et Les granges Brûlées.
Tout cela ne l’empêche pas de continuer sa propre carrière discographique. En 1973, Jarre a réalisé son premier album avec la musique des “Granges brûlées” lequel sera rapidement suivi d’un deuxième regroupant les musiques composées pour Underground Muzaks et intitulé “Deserted Palace”. Cet album de promotion est distribué dans les mediathèques aux Etats-Unis et au Canada. Il est très dépouillé et composé avec un orgue Farfisa et un VCS 3. On peut y entendre des musiques néo-classiques (Music box concert et Deserted Palace), de la musique contemporaine (Free floating anxiety) et des sons déja utilisés dans les Granges Brûlées se retrouvent dans Wind swept Canyon.
Sous la pression de la maison de disques Motors, Jarre réalise une reprise du tube planétaire Pop-Corn avec en face B “Black-Bird” qui est en fait une musique de Deserted Palace légèrement différente. D’autres 45 tours suivent : Cartolina/Helza sous le pseudonyme “1906”. La pochette reprend l’affiche d’un cabaret appelé “Le Chat Noir”. Il y a aussi “zig-zag” qui constitue le premier succès de Jarre. Cette musique est reprise par de nombreux groupes de part le monde et sert de générique à la télévision. La seule version jouée par Jarre est celle qui porte le nom de “Foggy Joe”. Samuel Hobo chante la partie vocale de Zig-Zag et chantera aussi sur le 45 tours “Freedom day/Synthetic man” un blues moderne qui aurait pu être intéressant sans la voix irritante du blues man.
- Succès international avec Oxygène.
En 1976, le succès mondial d’Oxygène survient à la surprise générale, il sort chez Motors, la maison de disques de Francis Dreyfus. Jarre a rencontré ce producteur par l’intermédiaire d’Hélène Dreyfus avec laquelle il suivait les cours du GRM.
Le troisième album de Jean-Michel Jarre s’est vendu à ce jour à dix millions d’exemplaires dans le monde. Oxygène a été composé sur un magnétophone huit pistes avec seulement huit claviers dans l’appartement parisien de Jarre, rue de la Trémoille. Oxygène est une musique d’un genre nouveau bien loin de l’abstraction musicale allemande de Tangerine Dream et de Klaus Schultze car les sons de JMJ touchent l’auditeur par leur harmonie.
Les médias s’emparent d’Oxygène. Antenne 2 utilise « Oxygène IV » pour son journal télévisée et « Oxygène II » pour l’émission « Récré A2 ». Europe 1 a choisi « Oxygène IV » pour le générique de l’émission “Basket”, présentée par Jean-Loup Lafont. Ce qui nous vaut deux pochettes de 45 tours, toutes les deux dessinées par Granger, l’une est identique à la couverture de l’album, l’autre représente bien évidemment une basket.
L’album se classe n° 2 dans les charts britanniques, ce qui constitue un événement sans précédent pour un artiste français.
En 1977 Jarre redevient parolier pour les albums Paris by night de Patrick Juvet et La Dolce Vita de Christophe. Préférant peut-être les claviers, Jarre attendra l’album “Métamorphoses” avant de reprendre la plume,
- Equinoxe : la consécration .
Le succès d’Oxygène est confirmé par l’album Equinoxe en 1978. Le quatrième album de Jarre est un disque aquatique. En effet, les sons de vagues alternent avec ceux de la pluie. Jean-Michel s’est amusé à clapoter dans des bacs lors de l’enregistrement d’ Equinoxe III. Il a aménagé un studio d’enregistrement dans sa superbe maison de Croissy qu’il s’est offerte avec les droits d’Oxygène. Equinoxe est certifié disque de platine dès sa sortie avec deux millions de précommande et il atteint aujourd’hui le score des huit millions de copies vendues.
La popularité de Jean-Michel Jarre en Angleterre devient énorme, ainsi le légendaire groupe instrumental : les Shadows reprend en 1980 le morceau Equinoxe V sur son album “Change of address”, cette reprise est également éditée en 45 tours.
Jean-Michel Jarre est le musicien français le plus connu dans le monde et il est élu “homme de l’année 1978” par le magazine étasunien “People”. Ses disques sont distribués dans 65 pays, totalisant le chiffre prodigieux de 55 millions d’albums vendus.
- La Concorde : premier spectacle.
La concrétisation du triomphe de Jean-Michel a lieu lors de son premier spectacle, Place de La Concorde, à Paris le 14 juillet 1979. Il y est ovationné par 1 million de personnes, alors que l’on en attendait 100 000 tout au plus. Le spectacle est assez court puisqu’il ne dure que cinquante deux minutes. Jarre éblouit son public et l’émeut grâce aux musiques d’Oxygène et d’Equinoxe qu’il interprète malheureusement en “play-back” car il est seul sur scène.
Jean-Michel Jarre devient un personnage populaire, il plait pour sa musique mais aussi pour son goût du spectacle et de l’événement. Chacun de ses concerts transforme l’environnement et l’on ne regarde plus du même oeil la Place de La Concorde à Paris, la colline de Fourvières à Lyon où la Tour Eiffel après son passage.
En 1980, le premier concert de Jean-Michel à Paris est immortalisé par une vidéo qui reprend quelques images du spectacle dans un clip de 30 minutes. Ce clip a été composé avec un synthétiseur d’images qui rappelle ce que faisait Jean-Christophe Averty à la télévision. Jarre reproduira la même ambiance picturale dix huit ans ans plus tard dans son CD-ROM intitulé « Odyssey through O2 ». La Concorde sert aussi d’inspiration pour un 45 tours qui reprend les titres “Equinoxe 7 et 8”. Ce premier spectacle a la force d’un choc musical international. Il a été vu par cent millions de téléspectateurs dans le monde. Du coup, les étasuniens et les japonais veulent que Jean-Michel vienne donner un concert aussi grandiose chez eux. Mick Jagger, présent à La Concorde déclare à Jean-Michel : “je n’ai jamais vu ça de ma vie !” et il lui propose même de participer au nouvel album des Rolling Stones “Emotional Rescue” mais Jean-Michel est obligé de refuser par manque de temps.
- Les Chants Magnétiques rythment les concerts en Chine.
En 1981 sort le troisième volet du tryptique naturaliste : Les Chants Magnétiques. Après l’air et l’eau, voici la terre. Il entre directement dans les dix premières places des hits français et britanniques, et se vend sur la longueur à près de six millions d’exemplaires dans le monde.
Les boîtes à rythme cassent l’ambiance célèste qu’il y avait dans Oxygène et Equinoxe. Pour ce disque Jean-Michel a fait l’acquisition d’un nouveau clavier : le Fairlight CMI, la Rolls Royce de l’échantillonneur. Cet instrument lui permet de transformer à volonté les sons de la nature et du quotidien, mêlant des bruits de trains, d’avions et voix humaines aux mélodies.
1981 marque également la sortie du film “Gallipoli” réalisé par Peter Weir avec Mel Gibson. La bande originale emprunte des titres d’Oxygène.
Cette même année Jean-Michel transporte ses synthés en Chine pour cinq concerts à Beijing et Shanghaï où l’accompagnent trois musiciens dont deux avaient travaillé avec Christophe : Dominique Perrier et Roger Rizitelli. L’album qui découle de ces concerts s’appelle tout simplement “Les concerts en Chine”, il est publié en mai 1982 et comporte 45 minutes de musique inédite. Il s’en vendra cinq millions d’exemplaires en près de vingt ans.
- Un album unique : Musique pour supermarché.
1983 marque ensuite un grand choc dans le monde discographique. En effet, Jean-Michel annonce que son nouveau disque sera vendu aux enchères à un seul exemplaire. Cela se passe à l’hôtel Drouot. Les journalistes relatent la présence de nombreux curieux, de fans, de collectionneurs et bien sûr l’épouse de Jean-Michel Jarre : Charlotte Rampling. Intrigué par l’événement, le chanteur Christophe est venu lui aussi .
Jean-Michel a composé très sérieusement l’album Musique Pour Supermarché de février à mai 1983. Michel Geiss a enregistré les sons d’ambiance dans un supermarché à Montesson près de Croissy et, anecdote amusante, pendant qu’il enregistrait Equinoxe 4 était diffusé dans le magasin. On peut entendre la rythmique de ce morceau en écoutant très attentivement la face A de l’album.
Musique pour Supermarché est une musique en huit parties qui accompagne l’exposition Orrimbe où de jeunes peintres présentent leurs tableaux dont le thème est le supermarché. Tous ces jeunes artistes ont décidé de vendre leurs oeuvres à l’hôtel Drouot. Pour suivre les jeunes peintres, Jean-Michel a l’idée de créer un disque unique, comme un tableau, pour revaloriser ce support bien peu respecté de nos jours.
Il est 22 h 10 quand la vente commence en ce 6 juillet 1983, la mise à prix est fixé à 50 francs (le prix d’un disque normal à l’époque) et elle va monter assez vite jusqu’à 69 000 francs. Le disque est adjugé à un certain monsieur Gérard qui est administrateur de biens. En fait, cet homme n’est pas un inconnu pour Jean-Michel Jarre puisqu’il l’a déja rencontré (quel hasard !) à Saint-Tropez où il possède chacun une villa. Ils se connaissaient donc bien avant la vente.
Une semaine avant les enchères RTL lance une formidable opération médiatique avec Jean-Michel Jarre dont le slogan est régulièrement matraqué sur les ondes : “piratez -moi !”. De nombreux fans suivent le conseil et ne manqueraient pour rien au monde la diffusion de Musique Pour Supermarché et sa présentation par Max Meynier.
La face A passe à 22 h 15 et la face B à 23 h 10, l’album dure 34 mn 06 mais il est coincé entre le journal et les pubs, le présentateur se permet même de parler pendant les deux premières minutes de la face B ! Cela n’empêche pas les amateurs d’écouter et d’enregistrer l’événement jusqu’au bout. Aujourd’hui il existe des milliers de cassettes pirates vendues à prix d’or par quelques fans profiteurs. Une consolation, pour ceux qui auraient manqué la diffusion de l’album unique. Jean-Michel Jarre a repris trois des huit parties de Musique Pour Supermarché. Il s’agit de Blah blah café, Diva et 5è Rendez-Vous mais le reste est inédit pour toujours.
- Zoolook : le chef-d’oeuvre sonne l’apogée de la musique jarrienne.
Le 12 novembre 1984, après un an et demi de voyages et de recherches, JMJ publie ce qui restera sans doute son plus bel album : Zoolook. Les critiques sont unanimes à ce sujet : Zoolook est un chef d’oeuvre. Jarre a changé de registre et utilisé des voix humaines, on peut entendre vingt quatre langues du français au sioux en passant par l’eskimo. Lui même parle sur certains morceaux, on peut l’entendre dire “dansez sur cette chanson obsedante” dans Blah blah café.
Aidé par l’ethnologue Xavier Bellanger, il a choisi des langues parlées et chantées pour les remodeler à sa façon. “Le plus dur, avoue-t-il, aura été de transformer les voix en instrument de percussions”. Pourtant, Jarre a réussi brillamment cet exercice difficile. On remarque par exemple la voix d’Arlette Laguillers transformée en son de Charleston !
Pour ce disque, Jean-Michel est accompagné des meilleurs musiciens de New-York : Marcus Miller (basse de l’orchestre de Miles Davis), Yogi Horton (batterie), Adrian Bellew et Ira Siegel (guitares électriques) et Laurie Anderson qui prête sa voix pour Diva. Laurie est d’ailleurs elle aussi reconnue comme l’une des grandes vedettes de la musique électronique. Avec cet album, Jean-Michel retrouve les techniques de collages de sons qu’il utilisait pour ses premières compositions au GRM. A l’époque il devait découper aux ciseaux les bouts de bandes magnétiques des différents sons qu’il désirait obtenir, puis les recoller pour créer la sonorité originale voulue. En 1984, les possibilités techniques incroyables du Fairlight remplacent l’utilisation des ciseaux. Malheureusement, Zoolook n’a pas l’impact commercial des albums précédents. Ce changement est trop brusque et surprend le grand public ainsi que les fans de Jarre. La pochette est également avant-gardiste, elle représente une photo de Jean-Michel déformée par ordinateur, ce qui choque et casse l’ambiance des superbes pochettes de Michel Granger.
Néanmoins, l’album se vend sur la longueur à deux millions d’exemplaires dans le monde et deux de ses musiques et chants ethniques mixés aux synthés sont repris comme génériques : le premier pour “Zénith”, émission de Michel Denisot sur Canal + qui reprend Zoolookologie et Ethnicolor qui est utilisé dans la B.O. de “Dangereuse sous tous rapports”. Jean-Michel reçoit des mains de Daniel Balavoine la Victoire de la Musique pour le meilleur album instrumental un an après la sortie de Zoolook. Pour l’anecdote, il est bon de rappeler que Michel Geiss, le bras droit de Jarre avait aidé Daniel Balavoine à manipuler le Fairlight pour la réalisation de son dernier album : « Sauvez l’amour ».
En 1985 Dreyfus édite la compilation “The Essential” regroupant les succès des derniers albums, éliminant par conséquent Deserted Palace, Les Granges Brûlées et Musique pou supermarché ( la matrice de ce dernier ayant été brûlée le jour de la vente aux enchères, il n’existe plus aucun moyen de le ressortir).