Adjani et Jarre, c’est fini sauf dans les kiosques
L’actrice et le musicien se livrent une guerre médiatique qui oppose aussi deux groupes de presse.
GARRIGOS Raphaël; ROBERTS Isabelle
En 1996, son compagnon d’alors, l’acteur Daniel Day Lewis, l’avait plaquée par fax. Aujourd’hui, plutôt que de jeter les synthétiseurs de Jean-Michel Jarre par la fenêtre (quel doux plaisir, pourtant…), elle a choisi de le plaquer en public, dans Paris Match s’il vous plaît. Cette rupture par presse interposée est une première française, mais pas mondiale : en 2003, l’actrice américaine Uma Thurman avait agi de même avec le comédien Ethan Hawke. Les yeux rougis d’Adjani dans Match ont déclenché un déferlement de unes : Gala, VSD, Voici, Elle… Mais aussi le très sérieux Express et même le Times, qui a consacré une page à l’«affaire» («Adjani emerges to take her revenge»).
C’était un beau roman
En 2002, Isabelle Adjani et Jean-Michel Jarre avaient vendu leur couple tout frais à Paris Match. Fidèle (c’est pas comme d’autres…), Adjani choisit l’hebdo pour annoncer à Jarre qu’il peut prendre ses cliques et ses claques. Première question : «Isabelle, j’entends dire de partout que vous vous mariez fin août avec Jean-Michel Jarre…» Réponse : «Non, je ne me marierai pas en août ! Et tant mieux. Je le quitte.» Et pan ! Adjani évoque la «future nouvelle compagne» de Jarre sans en dire plus. Quatre jours plus tard, Gala révèle l’état de Jarre après avoir appris dans Match qu’Adjani le quittait : «Abasourdi». Sa nouvelle amie ? «Une actrice française très connue.» Le 1er juillet, VSD lâche le morceau : «On avance le nom d’Anne Parillaud.» Mais c’est Voici qui, le 5 juillet, publie le premier les photos des amants avec cette légende, perfide : «Jean-Michel reste choqué par la manière impudique qu’Isabelle a choisie pour mettre en scène leur vie privée, en prenant la presse à témoin.» Le 12 juillet, Adjani réplique dans Elle : «La dignité d’une femme/Pourquoi je témoigne». En fait, apprend-on, elle s’est jouée de Jarre : «Il avait décidé qu’il fallait entretenir notre relation aux yeux du monde jusqu’à la fin de l’année, après la sortie de son disque et son concert en Chine, à la rentrée. Ensuite, il aurait annoncé sa nouvelle liaison. Je pense qu’il aurait révélé cette relation dans les journaux, du jour au lendemain, avec une brutalité impitoyable.» D’accooord… Pourtant, le 15, VSD explique que c’est Jarre qui s’est joué d’Adjani : il a indiqué à un paparazzi de Voici où il déjeunait avec Anne Parillaud… Puis c’est au tour de Match d’afficher Parillaud et Jarre en une : «Un couple de stars surpris dans un jardin public». Le Champ-de-Mars, on ne peut plus discret. Lundi dernier, l’Express y va de sa une choc. Plein pot, le visage d’Adjani : «La fin d’un tabou». L’actrice y philosophe sur le thème de l’infidélité. Jarre continue de se taire, y compris dans VSD qui, le 22 juillet, titre pourtant : «Exclusif, Jean-Michel Jarre, enfin la vérité». Laquelle «Il n’a jamais été question de mariage avec Adjani», «Il vivait seul depuis février» est délivrée par Marc Dolisi, rédacteur en chef adjoint, qui écrit entretenir «avec Jarre une relation dont le niveau (…) précède juste l’amitié». Si, en plus de ses amis, il faut se méfier des gens qu’on connaît à peine…
Prisma versus Hachette
Une bien belle empoignade entre amants délaissés qui se double d’une guerre entre groupes de presse : Adjani contre Jarre, c’est Hachette contre Prisma, numéros 1 et 2 du magazine en France ! Quand Adjani dégaine dans Match (Hachette), Jarre répond chez son rival, Gala (Prisma). Logique. Deux autres titres de Prisma VSD et Voici remettent ça avec Jarre ? Adjani se défend dans Elle (Hachette)… «Ce règlement de comptes par presse interposée est étonnant, observe Patrick-Olivier Meyer, rédacteur en chef adjoint de Voici. Chacun veut avoir le dernier mot : Adjani envoie des messages à Jarre et Jarre lui envoie des photos.» Les magazines vont jusqu’à prendre parti. Pour Adjani, chez Hachette. Pour Jarre, chez Prisma. Ainsi, VSD tombe à bras raccourcis sur Adjani qui, souligne élégamment l’hebdo, «a pris au moins 10 kilos ces derniers mois»… Réplique dans Elle qui la trouve «incroyablement belle, lumineuse, mince». Et faut-il voir dans la une de l’Express un engagement de la Socpresse dans le camp Adjani-Hachette ? Nenni : «Nous n’avons absolument aucun parti pris, l’infidélité est un sujet d’été, l’interview d’Isabelle Adjani a une dimension sociologique», affirme-t-on sans rire à l’hebdo.
A qui ça profite ?
Un journaliste, mi-cynique mi-honteux, avoue : «On ne peut pas avoir l’affaire Trintignant-Cantat tous les étés.» La rupture Adjani-Jarre est tombée à point nommé pour meubler une actu people un peu creuse. Si Paris Match prétend n’avoir «pas explosé les ventes», VSD reconnaît une hausse de 10 %. Voici confirme : «C’est une bonne moyenne mais ça n’a pas fait décoller les ventes, nos lecteurs sont plus friands de téléréalité que des aventures de quinquagénaires.» Un journaliste people vachard juge que la médiatisation de la rupture profite d’abord aux anciens amants : «C’était quand la dernière une avec Jarre ? Et dans quoi ? Santé Magazine ? On reparle d’eux, c’est tout bénèf’.» Vexée, la presse people ? Pour un peu, Marc Dolisi, de VSD, crierait à l’injustice : «Adjani attaque régulièrement les journaux pour un article ou une photo, et là elle dévoile elle-même sa vie privée !» Et de s’insurger: «Je ne veux pas faire la morale parce que nous y gagnons tous, mais je remarque qu’on pardonne aux people ce qu’on reproche à la presse people.»