Allo… Jean-Michel Jarre
Propulsé par « Fourth rendez-vous » dans la galaxie des étoiles du top 50, Jean-Michel Jarre répond à nos questions intersidérales…
Vous avez donné en avril dernier un concert exceptionnel devant plus d’un million de spectateurs à Houston au Texas. Du jamais vu. Comment est-ce arrivé ?
Il y a maintenant plus d’un an, la mairie de Houston a fait appel à moi pour me demander de monter un spectacle en vue de la célébration du cent-cinquantième anniversaire de de l’Etat du Texas et aussi des vingt-cinq ans de la Nasa (société aérospatiale des Etats-Unis). J’ai bien entendu accepté.
Quelle a été votre impression du lieu ?
J’ai immédiatement été frappé pa la ville. Houston est une immense Métropolis surgie au milieu du désert, un gigantesque amphitéâtre naturel d’acier et de verre. J’ai voulu transformer ce site unique pour le spectacle et à cette fin j’ai employé les techniques viseuelles les plus actuelles, mariées à un son de musique « live », c’est-à-dire en direct.
Justement, quelles étaient ces techniques nouvelles ?
Le laser et la projection d’images. De la scène, je jouais sur un immense clavier qui, outre les sons, dirigeait la reproduction d’images sur les façades des immeubles. Et tout cela dans une synchronisation parfaite. J’ai également employé la harpe laser : cet instrument dispose d’une quinzaine de rayons qui correspondent aux cordes d’une harpe normale. Pour en jouer, il suffit de passer la main à travers le rayon et l’intensité musicale et viesuelle est plus ou moins forte selon l’intensité du toucher… Ces techniques audiovisuelles ont un grand avantage, on peut les voir de très, très loin.
Ce concert a été le plus grand concert jamais donné…
Oui, c’est vrai, mais ce n’était pas le but originel. Le concert était surtout une grande première au niveau technologique. Il y avait tout de même un million et demi de personnes. C’était assez amusant car l’autoroute de Houston avait été bloquée par le public qui s’était arrêté sur la voie pour regarder le spectacle, assis sur les panneaux de signalisation. Ce qui a été très frappant pour les Américains est que jamais autant de personnes n’avaient été réunies sans créer de violences. C’est un bon exemple.
Etiez-vous seul sur scène ?
Non, un choeur de cent-vingt enfants de Houston et huit musiciens m’accompagnaient. Nous avions dédié à la navette spatiale Challenger le dernier morceau de mon album « Last rendez-vous ». Initialement, il devait être joué par Ron Mc Nair, l’un des astronautes de la navette. Hélas, la navette a explosé… J’ai été très triste car Ron était devenu un bon copain. Finalement, c’est Kirk Whalum, un autre ami, qui a interprété le morceau de saxophone.
On a pu voir très récemment à la télévision un film retraçant ce concert…
C’est exact, et ce film a été réalisé par un très « grand » : Bob Giraldi. Cet Américain avait déjà réalisé des vidéos de Mickael Jackson, Paul Mc Cartney, Lionel Richie, et fait des retransmissions uniques telles le concert d’Elton John à Central Park ou les jeux Olympiques de Los Angeles. C’est un film qui a demandé de gros moyens : dix-sept caméras et deux mois de montage, auquel j’ai participé en parite à Los Angeles… Ce film a reçu un très bon accueil en Grande-Bretagne où il a été sélectionné pour les TV Awrds (l’équivalent télévisé des oscars de cinéma); ainsi qu’aux Etats-Unis et dans un certain nombre d’autres pays. Un fait suprenant, la Prvada, quotidien national d’Union soviétique, a même fait un petit article sur ce concert alors que l’Etat du Texas est le plus capitaliste de tous les Etats-Unis…
Vous venez de donner un concert à Lyon. Avez-vous d’autres projets pour l’avenir ?
Dans les deux ans qui viennent, j’aimerais donner une douzaine d’autres spectacles dans le monde entier, au Japon, en Australie, à Londres et bien sûr en France. Mais ce sont des projets à long terme car l’organisation de tels concerts est compliquée : il faut beaucoup de contacts, et du temps pour recevoir les différentes autorisations.
Toutes les techniques employées pour de tels spectacles sont françaises. Avez-vous l’impression d’être l’ambassadeur de nos capacités techniques ?
Oui, complètement, et j’aimerais bien que les grands pontes de la technologie française le comprennent ! Personne ne nous a aidés. Nous avons fait tout le travail avec la collaboration de petites entreprises… Il y a un dialogue qui passe mal et la notion de sponsoring ne débouche encore sur rien de concret. C’est dommage car nous avons effectivement là le moyen de montrer l’existence d’une technologie avancée aux pays étrangers.
Pensez-vous déjà à votre prochain album ?
oui et non, je travaillerai dessus très sérieusement à partir de Noël. Avant je veux me concentrer sur d’autres choses plus visuelles…
Comment travaillez-vous ?
Je sui surtout dans le studio que j’ai aménagé chez moi à la campagne.En revanche, pour le mixage des disques, j’ai besoin de l’atmosphère de la ville, comme celle de Paris ou de ew-York. Mais les choses vont et viennent. Il ne faut pas se laisser prendre par les habitudes.