Jean-Michel Jarre : les sons de I’avenir
« La musique électronique de l’avenir arrive sur les ailes de l’aube », proclamaient les affiches. On y voyait aussi une pagode, la tour Eiffel, un synthétiseur, parfois un avion dans le soleil ou quelques fleurs de pécher. On y voyait surtout le visage de Jean-Michel Jarre ( « Oxygène », (« Equinoxe », « Chants magnétiques » ), angélique à souhait, plus romantique que nature, si possible. Les Chinois se précipitèrent par milliers, alors même que la radio et la télévision retransmettaient en direct (500 millions d’auditeurs potentiels !). Mieux : à Shanghai, il fallut ajouter un concert supplémentaire. Pourquoi Jean-Michel Jarre fut-il choisi ? II propose plusieurs explications. Et d’abord la fascination des Chinois pour la technologie, pour un instrument utilisant I’électronique : le synthétiseur ; ou pour cet ahurissant appareil qu’est la harpe au laser. (« Plus profondément », dit-il encore, il se peut que les Chinois, dont l’oreille est plus développée que la notre, habitués qu’ils sont à une langue où l’accent est tout, aient été séduits par une musique qui ne s’analyse pas en termes de notes et d’accords mais en termes de sons. « ) Proposition qu’il s’empresse de retourner pour parler, et avec quelle flamme, de son intérêt pour la musique chinoise, pour ses instruments « les plus vieux du monde ». Quant à l’émotion éprouvée à jouer avec un orchestre de trente-cinq musiciens chinois, elle le fait presque bafouiller : (« Des moments magiques. ») Et s’il ironise en expliquant que (« l’amitié est le concept marketing le plus fort », on lui pardonne. C’est qu’il a une grande peur, Jean-Michel Jarre : qu’on le confonde avec un missionnaire vaguement condescendant. Alors, il insiste : sur le travail des assistants chinois, sur le disque qui sera fabriqu » là-bas, sur les spectacles de marionnettes avec laser qu’on y envisage. Il a fait don de deux synthétiseurs au conservatoire de Pékin ; déjà une classe de quarante élèves y fonctionne ; mieux : un synthétiseur chinois est en cours de fabrication. Une précision: en France, on n’enseigne toujours pas le synthétiseur. Se pourrait-il qu’en ce domaine la leçon vienne prochainement de Chine ?