Rendez-vous avec Jarre

Rendez-vous avec Jarre

Et si ce qu’on vous avait dit sur Houston était faux ?

Il s’est passé quelque chose d’énorme le 5 avril D.I.S.C. y était et pour cause, mais dans les comptes-rendus, – bienveillants au demeureant – de nos confrères, il apparaît aux acteurs du concert d’un million et demi de spectateurs, que la véritable signification a été manquée. C’est pour rétablir des vérités qui intéressent les professionnels que vous êtes, que la fine équipe a été passée à la grille des interviews. En espérant que vous comprendrez pourquoi Houston était si important pour le spectacle, pour notre hexagone, et pourquoi ce n’est pas le concert du siècle. Enfin pas du vingtième…

Jean Poncet

Jean-Michel Jarre, 37 ans, 27 millions d’albums vendus en 10 ans de carrière, a embrasé la ville de Houston, Texas, lors d’un concert record le 5 avril 1986.

1 300 000 SPECTATEURS

J.-M. Jarre était déjà détenteur du record d’affluence en un seul concert après avoir attiré 1 million de Parisiens sur la place de la Concorde, le 14 juillet 1979. Les Texans, en faisant appel à celui qui fut le premier artiste de musique synthétique à se produire en Chine populaire, lui permirent de battre ce record : ils furent 1 300000 à se presser dans les rues de Houston. L ‘événement était d’importance : on célébrait les 150 ans de la fondation de Houston et de l’indépendance du Texas, et le 25. anniversaire de la Nasa.

A FEU ET A SON

Jean-Michel Jarre et son équipe de 70 techniciens, assistés par une centaine d’ Américains, ont travaillé 8 mois pour préparer ce show, l’un des plus gigantesques jamais réalisé : rayons lasers projetant des images animées, écran géant formé par les gratte-ciel, 2 000 projecteurs fouillant le ciel, un feu d’artifice de 16000 bombes et fusées… Un spectacle total visible à 5 km de distance. Sur scène, Jean-Michel Jarre, entouré de 1 00 choristes, 7 musiciens, 45 synthétiseurs, contrôlait image et son à I’aide de 8 consoles. Le coût du show fut à I’image de sa grandeur : 5 millions de $, dont les producteurs récupéreront une partie grâce à la vidéo filmée par les 14 cameras de Bob Geraldi et déjà vendue dans plusieurs pays, et à Rendez-vous, le dernier album de J.-M. Jarre, sorti aux USA le jour même du concert.

UN DERNIER FEU D’ ARTIFICE, LES SOUVENIRS DE LA TROUPE C’EST JACQUES QUI TIRE LE BOUQUET FINAL

DIVA DURANT : Super, ça parait banal à dire, mais un rêve, c’est très beau un rêve, c’est Cendrillon, le bal était très réussi, le Prince Charmant était très charmant . .. quand est-ce qu’on recommence !

GENE ClAIR: Le concert était phénoménal, c’était un grand succès Pour moi c’était plus un événement qu’un simple show : ça sortait vraiment de I’ordinaire. II y avait tellement de choses tellement extraordinaires, c’était vraiment un événement !

DOMINIQUE PERRIER : Très beau feu d’artifice de tout, lumière, musique, et un très bon concert donné par deux cent cinquante personnes qui enfin deviennent des artistes en face du public

JEAN-LOUP DlERSTEIN : Au début je voyais mal tous ces Américains venir voir et écouter . Moi je suis un peu froid, je ne m’étonne pas facilement Mais le soir, j’ étais sur la scène et vraiment j’ en ai pris plein la tête, plein les yeux . C’était sensationnel ! Et émouvant aussi ! Les Américains, quand il y avait les photos des astronautes, c’était vraiment prenant, émouvant

DANIEL AZANCOT : Le gigantisme, le gigantisme. . le gigantisme ! II ne reste que le gigantisme et ce public fantastique Et je ne pensais pas que Jean-Michel allait recommencer, tu comprends la Concorde c’était en France, le 14 juillet. Mais un million et demi de personnes ! Et ça m’a marqué parce que je n’y croyais pas, mais ça c’est la magie de Jean-Michel. Certains voient la star. Moi j’ai tendance à voir I’homme, et I’homme est bien ! I JACQUES ROUVEYROWS : C’est la perfection, c’est ce qu’on a vécu sur la fin, c’est le feu d’artifice, c’est le final, j’ai vu quand même dix mille personnes se lever devant moi, j’étais à 70 mètres et quand tu vois tout le monde se lever d’un seul coup pour acclamer un show, sincèrement j’ai jamais vu ça, t’as raison de souligner que j’ai fait beaucoup de concerts, j’ai fait celui de la Concorde aussi avec Jean-Michel, mais à cette dimension-là, à cette émotion. Parce que c’est facile d’avoir un million cinq cent – mille personnes, mais les mettre tous d’accord, avoir une

presse unanime, la presse américaine, française, enfin mondiale, on en avait vraiment la larme à l’oeil, sincèrement, c’est pas souvent que ça nous arrive, c’est pour çé que ça fait plaisir d’en profiter. On a vécu vraiment une grande soirée, il y a un moment où j’ai quitté mon casque, et je me fais rarement des réflexions comme ça, mais là j’avais vraiment l’impression d’être au centre de la terre. Au moment du final, quand tous les feux d’artifice ont deboulé, je savais plus, ça doit faire la même chose quand on doit décoller pour la lune. . . parce-que le décompte qu’ils ont tous crié, c’était le décollage d’une navette, c’est pas possible autrement !

LE TVG JEAN-LOUIS DIERSTEIN : DE LA PREHISTOIRE A MIDI EN HUIT HEURES

Amenez vos vieux synthés à Jean-Loup et reprenez les le soir transformés en expandeurs MIDI. Ou, si vous êtes comme Jarre. faites-Iui faire ce qui vous passe par la tête : comme il ne se doute pas que c’est impossible, il le fera !

J’avais fait I’entretien de son matériel, mais depuis novembre j’ai vraiment fait de la fabrication pour lui, de la mise au point des appareils à de la création d’appareils qui ont servi pour Rendez-Vous et à Houston. Tous les vieux instruments qu’il a, on lui a mis en MIDI Exemple, sur un B3 ou ii y a une dizaine de contacts par touche set ou on travaillé en basse impédance, on est obligé de passer par des relais 12 contacts par note. D’autre part, on a une petite carte CPU avec un 280. On peut lui ajouter un convertisseur analogique-digital pour utiliser la molette de pitch, ou changer les programmes, etc… Après il y a eu le fameux clavier, qui était prévu au départ pour faire la vidéo et puis Jean-Michel a trouvé ça tellement chouette qu’il a décidé qu’il fallait lui donner une autre dimension que la lumière sur les touches. On a donc rajouté des contacts, et on en a fait un instrument de musique puisqu’on sortait en MIDI. En plus il m’a demandé d’animer des rampes, il y avait des faisceaux illuminés les uns après les autres quand il appuyait sur les notes. A Houston, tout était en MIDI : le clavier commandait I’Emu II, il y avait des touches assignées à certains travaux, par exemple pour chaque touche on avait assigné un feu ! Grâce à Jean-Michel, on a fait du MIDI qui va sur n’importe quoi, des vieux Jupiter 8, des Oberheim relativement anciens et pour lesquels les fabricants n’ont pas prévu d’adaptation MIDI

LE MUSEE DU SYNTHE…

La modernité de Jarre faisait supposer à plus d’un qu’on verrait sur la scène les instruments les plus récents et c’était vrai, Mais beaucoup ont été surpris d’y trouver des vieux coucous ou même des appareils dont ii est de bon ton de se moquer d’un air pénétré, Eh bien voila la liste du matériel. Et peut être y découvrirez-vous ce qu’est I’eclectisme technologique.

J,M. JARRE : Le grand clavier MIDI circulaire sur un Emu et un Fairlight La harpe laser sur deux Syntex, Un AKS, un clavier portable sur DX7 Des pads sur laser. MICHEL GEISS : Deux ARP 2600 Un Seiko DS 250 t un flanger ADA SYLVAIN DURAND : Un OB 8, un DS 250, un Emu et un Eminent Une pédale d’effet et un délai Yamaha une guitare clavier SH 105 Roland FRANCIS RIMBERT : Un JP 6, Roland un DS 250, un Eminent, un Syntex PASCAL LEBOURG : Un Eminent, un Memory Moog, un Moog Liberation, un Prophet, un Korg 2000 CLAIR BROTHERS: 84 54 sur scène (160 kW), 36 dans un parc, 3 consoles harrison 32 in 32 out.

FROM JMJ WITH LOVE

Denis Vanzetto qui travaille donc au studio ici avec moi, a servi de collaborateur d ‘Andy Scott, qui est pour moi certainement le meilleur ingénieur du son du territoire français. Et ils s’en sont bien tirés puisque Clair Brothers ont été assez snobés par la qualité du so, au point qu’ils veulent utiliser mes Compact Discs pour tester leurs enceintes ! Music land I’équipe de Francis et Frédéric m’a beaucoup aidé au niveau du matériel, de l’accès, un certain nombre de choses qui n’auraient pas pu être faites sans eux. Piermaria je me suis beaucoup servi du Syntex sur scène y compris même pour la harpe laser. C’est un synthé italien qui fait sourire certains et que je considère comme un des meilleurs synthés polyphoniques analogiques et que je mettrais devant Oberheim et devant Prophet. Denis Pariente : II s’est occupé du look des choses et Ies gens sur scène En ce qui me concerne il m’a été très utile c’est bien d’avoir une espèce de miroir pour savoir où on en est. Le travail monstrueux des attaches de presse Jacqueline Hanouna et Geneviève Salama

Propos recueillis et crucifiés par Jean Poncet, qui en profite pour donner son coup de chapeau à quelques-unes qui ont fait que le travail des autres mecs et pu aboutir : Anne Slizewicz, Cathy Roca, Caroline .Citrotte . Crochard et Danielle Feuilleret,

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