Jean-Michel Jarre rétro futuriste Concert à Paris-Bercy
Le pionnier français de la musique électronique grand public, Jean-Michel Jarre, est en tournée. Il passait le 25 mars à Paris, pour un concert aux accents nostalgiques, faisant la part belle à des succès comme Oxygène ou Rendez Vous.
Assagi Jean-Michel Jarre ? Le pape français de la musique électronique effectue une tournée, non plus en se produisant devant la Tour Eiffel, comme en 1995, ou devant les pyramides du Caire en 1999, mais dans de simples salles de concert.
Après l’Allemagne ou la Pologne et plusieurs villes françaises, le musicien était de passage à Paris au Palais-Omnisport de Paris-Bercy, la plus grande salle de concert de la capitale française. Si Jean-Michel Jarre a vu plus petit que d’habitude, son spectacle se veut toujours aussi grandiose.
Ce 25 mars, la salle était quasiment pleine. Dans le public, il y avait plus de crânes dégarnis que de casquettes. Les quinquagénaires, ceux qui avaient la vingtaine lors de la parution de l’album Oxygène en 1976, étaient venus en masse. Cet album a popularisé l’utilisation des synthétiseurs au service de mélodies accrocheuses, après Kraftwerk, et peu avant le compositeur grec Vangelis.
Vers 21 heures, toutes les lumières se sont éteintes alors que des vrombissements sonores s’échappaient des enceintes. Surprise, c’est du fond de la salle que surgit Jean-Michel Jarre, au milieu du public, un projecteur braqué sur lui. Il serre des mains puis dévale les escaliers jusqu’à l’immense scène où il prend le micro pour remercier le public d’être présent. On se croirait presque dans un grand meeting politique. Le concert démarre alors par les volutes éthérées d’Oxygène, le fameux album qui lui a valu une reconnaissance mondiale, avec 12 millions d’albums vendus.
Sur la large scène de Bercy, Jean-Michel Jarre, 61 ans, est accompagné de trois acolytes. Tous sont cernés de nombreuses machines, souvent très anciennes (claviers, synthés analogiques, batterie électronique…), un impressionnant bazar.
Ici, pas de logiciel dernier cri façon Daft Punk, les instruments sont “vintage”, pour la plupart des pièces de collection.
Le deuxième thème d’Oxygène est tout aussi planant que le premier, avec ses nappes de synthétiseurs qui virevoltent, des lignes de basses profondes viennent secouer un public encore très sage.
Un vaste écran apparaît derrière la scène sur lequel nous pénétrons virtuellement en 3D dans les machines et circuits électroniques des instruments, alors que les quatre hommes entament Equinoxe.
Jean-Michel Jarre s’avance au devant de la scène. Neuf rayons laser verts surgissent du sol jusqu’au plafond. Sur cette harpe laser, il joue en passant ses mains dans les rayons. Un moment visuellement très imposant, qui a fait la renommée de ses précédents spectacles. Dans le public toujours aussi sage, l’animateur Michel Drucker fait discrètement irruption.
Savant fou
Oxygène revient, et Jean-Michel Jarre ressort sa fameuse guitare synthétiseur Moog qui a participé de sa renommée. Son instrument en bandoulière, il en tire des notes tremblées et suraigües.
Son image se dédouble sur l’écran gigantesque. Puis, c’est grâce à ses lunettes munies d’une mini caméra que nous le voyons à l’œuvre au milieu de ses machines. Avec sa chevelure noire ébouriffée, ses lunettes et son sourire crispé, il ressemble à un savant fou dépassé par ses instruments. De la main gauche, il tourne un bouton, de l’autre il joue du clavier.
Parmi ses instruments de collection, le musicien français possède un Théremin, dont on joue sans le toucher, en approchant les mains de deux antennes. Les deux mains au-dessus de cette sorte de pupitre en bois, Jean-Michel Jarre les déplace dans les airs comme un chef d’orchestre, tout en produisant des sons qui ressemblent à ceux d’une scie musicale ou prennent le timbre de la voix.
Les étranges figures à jumelles dessinées par Michel Granger surgissent à l’écran au son d’Équinoxe 4. C’est aussi l’occasion pour le musicien de mettre en avant l’aspect visionnaire de cet album Equinoxe (1978), qui traitait de la préservation de la planète.
Après un interlude seul au clavier, sur fond de chiffres inquiétants (évolution de la population mondiale, pétrole restant, nombre de personnes sans eau potable…), le musicien et ses trois compères réveillent les spectateurs à coups de cuivres, de grosse caisse et de chœurs de synthèse, sur fond de show laser, digne d’un opéra de Aïda au Stade de France.
C’est une version revisitée de Revolution qui veut en mettre plein la vue et plein les oreilles. C’est au son de Rendez Vous 4 et de son imparable mélodie que le public se lève. Les deux heures de concert s’achèvent au son d’Oxygène et d’un solo sifflant de guitare synthétiseur sur un thème d’En Attendant Cousteau. Un spectacle en forme de retour vers le futur (l’avant-garde d’hier), en attendant un nouvel album à l’automne et encore d’autres concerts.
En concert le 10 octobre à Londres, le 13 octobre à Clermont-Ferrand, le 15 à Rouen, le 16 à Lille.
Nicolas Dambre