Métamorphoses
A-t-on jamais vu jeune homme si brillant jouer si mauvaise musique ? Jean-Michel Jarre a réussi tous les paris de la modernité : les lights-shows, les spectacles totaux et géants… Alors pourquoi ces sons de klaxons d’autotamponneuses, ces gongs façon vieux Tibet, ces grattages, sonneries et bips, ces balbutiements de fausses grenouilles ? Jean-Michel Jarre, qui a du génie dans la mise en scène, dans l’utilisation de la musique comme bande-son de l’événementiel, pourrait-il éviter le commérage bruitiste sur Hey Gagarine ? Si Natacha Atlas sauve la mise (Je me souviens) dans une composition arabisante, la voix de Laurie Anderson, si grave et sensuelle soit-elle, ne parvient pas à jucher Métamorphoses sur un autre piédestal que celui de Barbarella et de ses variantes sages et décadentes, les petites Barbie roses habillées en cosmonautes. Il y a surtout chez Jarre cette drôle de manière de mettre la nature (Muraille de Chine ou cycles des saisons compris) en bocal. Vu de l’intérieur, ce doit être reposant. A l’extérieur, l’envie vient immédiatement de casser ces bulles cotonneuses.
MORTAIGNE VERONIQUE