La nuit américaine de Jean-Michel Jarre

La nuit américaine de Jean-Michel Jarre

« Paris vaut bien une messe », pensait en son temps Henri IV. Houston merite bien un « spectacle grandiose », ont estimé à leur tour, trois siecles plus tard, les Américains, et c’est pourquoi, le 5 avril dernier, ils ont, dans une liesse populaire sans précédent, célébré à la fois le cent cinquantième anniversaire de l’Etat du Texas et le vingt-cinquième anniversaire de la N.A.S.A. Le film de Bob Giraldi, diffusé ce soir par TF 1, résume cette commémoration confiée à I’un de nos compatriotes, Jean-Michel Jarre. Le musicien, il est vrai; possédait de sérieuses références. Après avoir, en 1979, neutralisé la place de la Concorde, pour y donner un concert monstre, il avait, il y a deux ans, ébahi les Chinois de Shanghai et de Pékin par de gigantesques spectacles, son et lumiere. Sa mission à Houston consistait à mettre en valeur un site architectural de huit cents mètres d’ouverture, composé de gratte-ciel de verre, sur lesquels venaient se mirer deux mille spots de couleur sous un ciel balayé par des projecteurs de D.C.A. Au pied de I’hôtel Meridien, debout devant un grand synthétiseur en forme de palette magique, le compositeur imagina pendant quatre-vingt-dix minutes une symphonie d’accords électroniques et de flux lumineux préalablement dosés par ordinateur. Le film le montre aussi, comme Vulcain; jouer avec le feu, couper de ses mains gantées les faisceaux d’une « harpe » de rayons laser, et commander à distance I’embrasement final de buildings de plus de trois cents mètres de haut. Une grande première, à cent pour cent francaise, à laquelle les Texans applaudirent des deux mains. C’est, dirent-ils le lendemain, un show à la « dimension de notre ville. » C’est vrai, Rendez-vous à Houston a nécessité un an de préparation; coût à la municipalité deux millions de dollars; sans compter, côté français, divers parrainages. Le soir de cette première mondiale. le grand ordonnateur connut quelques avatars de peu d’importance. Le F.B.I. I’accusa de mettre trop en lumière ses installations et de perturber ses liaisons radio. La police, quant à elle, lui dressa procès-verbal pour tapage nocturne. Cela n’empêche pas Jean-Michel Jarre d’avoir d’autres projets. Lyonnais d’origine, il entens apporter son experience à sa ville natale; le 5 octobre, pour, la venue du pape Jean-Paul ll. Son ode de lumière et de musique, dédiée au Saint-Père, illuminera le vieux Lyon et la colline de Fourvière. Aux côtés de cette débauche de son et de lumière, les châteaux de la Loire, ce soir-Ià sembleront éclairés par des lampes tempêtes.

François de SANTERRE.

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